jeudi 14 avril 2011

J'aime Fred Vargas !


comme écrivain de polar originaux, malheureusement massacrés par la télévision, et comme vigie de notre société aussi. Je ne résiste pas à ce texte d'elle que l'on vient de m'envoyer, je vous l'offre, tel quel. Merci Fred
Nous danserons encore
Nous y voilà, nous y sommes.
Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hautsfourneaux de l'incurie de l'humanité, nous y sommes.
Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l'homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu'elle lui fait mal...Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d'insouciance, nous avons chanté, dansé. Quand je dis « nous », entendons un quart de l'humanité tandis que le reste était à la peine.
Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l'eau, nos fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout du monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés.
On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. Franchement on a bien profité.
Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre.
Certes.
Mais nous y sommes.
A la Troisième Révolution.
Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu'on ne l'a pas choisie.
« On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.
Oui.
On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C'est la mère Nature qui l'a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau. Son ultimatum est clair et sans pitié :
Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l'exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d'ailleurs peu portées sur la danse).
Sauvez-moi ou crevez avec moi.Évidemment, dit comme ça, on comprend qu'on n'a pas le choix, on s'exécute illico et, même, si on a le temps, on s'excuse, affolés et
honteux. D'aucuns, un brin rêveurs, tentent d'obtenir un délai, de s'amuser encore avec la croissance.
Peine perdue.
Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut jamais.
Nettoyer le ciel, laver l'eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l'avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, – attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille, récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n'en a plus, on a tout pris dans les mines).
S'efforcer.
Réfléchir, même.
Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.
Avec le voisin, avec l'Europe, avec le monde.
Colossal programme que celui de la Troisième Révolution.
Pas d'échappatoire, allons-y.
Encore qu'il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l'ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n'empêche en rien de danser le soir venu, ce n'est pas incompatible.
A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie – une autre des grandes spécialités de l'homme, sa plus aboutie peut-être.
A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.
A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.
Fred Vargas
Archéologue et écrivain

samedi 2 avril 2011

Le Home Staging , c'est exactement ça... sauf que pas du tout.


Il y a quelques années, j'ai pu suivre une passionnante formation à la négociation dans laquelle on nous a appris qu'il ne fallait jamais dire non, quand votre interlocuteur dit une grosse bourde, mais plutôt             "absolument, et d'ailleurs..."        et là enchainer sur le raisonnement inverse, histoire de lui donner une chance de se ranger à votre avis éclairé sans perdre la face.
Je pratique souvent ce petit artifice sans méchanceté depuis. C'est beaucoup plus civilisé que le "casse toi pôv c.." auquel on pense tous un jour ou l'autre quand votre interlocuteur accumule avec persévérance les perles, et parfois, c'est même efficace pour retourner la situation. 
J'appelle cette technique le "c'est exactement ça, sauf que pas du tout".
Et aujourd'hui je voudrais faire un tout petit coup de "c'est exactement ça, sauf que pas du tout" au sujet du Home Staging, mon métier, ... et de Magic Stéphane Plaza, que je trouve sympathique et très drôle, mais qui nous joue, à nous autres professionnels du Home Staging, un drôle de tour.
En effet Stéphane anime la première émission qui ait fait parler du home staging en France, Maison à Vendre. Et à ce titre nous lui devons largement le début de notre marché. Mais plus ça va, plus l'émission elle même, et Stéphane Plaza à l'occasion, sont dans le "c'est exactement ça". Et il y a de plus en plus de " sauf que pas du tout"
Le home staging c'est exactement comme dans l'émission parce que ça consiste à préparer un bien pour sa vente, en effet, 
sauf que :
. nous ne refaisons pas les cloisons, les salles de bains, les cuisines : les budgets sont limités , les temps comptés, et tout le monde sait que l'on ne refait pas une salle de bain pour 69 euros (prix de la baignoire acrylique, certes, mais quid de la pose, du carrelage, de la plomberie etc)
. nous sommes formés non en tant que décorateur mais en tant que Home Stager parce que justement nous n'allons pas dans des travaux aussi longs et complexes. Nous connaissons nos techniques pour déclencher un achat, et ça marche (les chiffres de notre réseau HSP dans quelques semaines pour le prouver !) , mais la réalité de notre métier c'est beaucoup de cartons , beaucoup de manutention, beaucoup de créativité pour faire avec ce que les gens ont sur place, et ce n'est pas vraiment de la déco de prestige.
. nous travaillons avec ce que les gens ont, parce que nous n'avons pas le budget d'une émission de télévision derrière nous, et que ce qui compte, c'est que le bien immobilier se vende, donc que l'on regarde le lieu, les murs, et pas la déco. 
. nous visons le goût du plus grand nombre, donc nous évitons les choix trop tranchés, les cuisines rouges vifs ou les chambres violet parme... qui risquent de plaire à certains mais pas à d'autres et de réduire le champ des acheteurs.
. et enfin, nous sommes formés en quelques jours pour la plupart parce que le modèle US est fait ainsi, parce que c'est un métier qui se base beaucoup sur des éléments qu'il faut avoir au départ (le sens de l'espace, des volumes, l'harmonisation des couleurs ) et qui s'assoit sur des bases théoriques solides mais qui ne nécessitent pas 3 ou 4 années d'études.
Autrement dit le home staging c'est comme la déco, sauf que pas du tout...
Et ce serait sympa que Stéphane Plaza, il profite de son audience pour aider les gens qui se battent pour bien faire leur travail, qui font leurs preuves tous les jours sur un marché exigeant, et qu'il soit le porte drapeau positif de ce métier en développement. Après tout, le home staging , aujourd'hui, il en vit, et bien, il peut donc laisser un peu de place au soleil à d'autres professionnels passionnés ....
et maintenant que j'ai fait mon petit coup de "exactement, mais pas du tout", souvenez-vous que le printemps, c'est exactement comme l'hiver parfois, sauf que pas du tout. Le soleil arrive !
et soyez zen en l'attendant...