mercredi 24 février 2010

Le "non", tu l'as déjà...


Cette phrase un peu obscure au premier abord, nous la devons à Moitessier, grand navigateur en solitaire, forte personnalité fou de mer que le destin n'a pas épargné. Il aimait tant la mer qu'après un naufrage qui lui couta son bateau, dans les années 60 je crois, il envisagea sérieusement pendant plusieurs mois de reconstruire un bateau avec ce qu'il avait sous la main, c'est à dire du ... carton. ll est assez justement célèbre aussi pour son caractère bien trempé : après avoir fait le tour du monde en solitaire, arrivant en vue du port (du Havre ? je ne sais plus le détail) et voyant la foule qui l'attendait, il fit brusquement demi tour et repartit pour de longs mois de navigation tranquille, loin du monde qui ne lui manquait pas.
Au cours de son existence traversée de tempêtes au sens propre comme au sens figuré, il appliqua toujours cette maxime :
autant essayer, et avoir une chance de décrocher un oui
puisque le non tu l'as déjà.
C'est une phrase qui me porte depuis longtemps, et à laquelle je dois de vrais progrès dans ma vie. Parce que je suis une angoissée du rejet, du non, du "pas possible, ma petite dame", je me suis interdit beaucoup de choses pendant très longtemps. Et notamment je me suis interdit de demander, d'essayer, de négocier, de proposer, persuadée que j'allais droit à l'échec, et que l'échec je ne m'en remettrais pas.
C'est encore un combat en moi, je suis encore subitement paralysée de foudroyantes "attaques de ratage" qui me glacent, mais j'ai quand même appris une chose :
l'échec est permanent, évident, insurmontable... si on le laisse gagner avant même d'essayer.
J'en ajouterais une autre, qui est une évidence , une banalité même, mais qui reste particulièrement vraie : nous sommes nos meilleurs ennemis pour nous faire peur, nous empêcher d'avancer, nous inventer d'inévitables échecs là où se trouvent des possibilités de réussite. Nous inventons nos freins et mettons beaucoup d'ardeur à nous limiter et nous faire peur...
Il n'y a pas longtemps, j'ai négocié un tarif avec un fournisseur au cours d'un échange animé. J'étais persuadée que son tarif était trop élevé, et je n'ai pas lâché, sûre de moi. Nous avons finalement conclu notre échange et lorsque j'ai reçu la facture, j 'ai constaté à mon grand étonnement que , alors que je parlais hors taxe, mon fournisseur parlait ttc. Je me suis donc retrouvée avec un cout inférieur de 20% à ce que je pensais. Un vrai miracle : Et j'ai réalisé subitement que c'était donc un tarif atteignable, mais que le seul frein qui m'en aurait interdit l'accès... c'était moi , et mes idées préconçues. (et le plus drôle, c'est que le fournisseur en question n'est pas traumatisé pour un sou, ce qui me fait aujourd'hui penser que j'avais encore probablement de la marge de négociation. moi qui transpirais à l'idée de négocier 5 % !).
Si je n'avais pas été aidée par l'erreur sur les taxes, je n'aurais jamais osé, même en rêve, imaginer ce tarif.
Nous nous freinons, et nous nous faisons peur. Avec nos collègues, avec nos amis, avec nos enfants, avec nos amours... Nous nous interdisons trop souvent de dire , de proposer, de demander, engoncés dans nos peurs d'échecs et de rejets.
Nous vivons avec des non permanents que nous nous infligeons tout seuls, au lieu d'aller à la pêche aux oui, parfois miraculeuse.
Alors, avec le printemps qui pointe son nez,
Avec ces journées qui allongent enfin,
Donnez vous le droit de gagner vos oui, vos d'accord, vos je t'aime... lancez vous !
Et si c'est un non que l'on vous donne,souvenez vous que de toute façon, à ne pas essayer, le non, vous l'aviez déjà.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire