mardi 1 mars 2011

Un créateur au service de la mise en valeur de la Femme"...


Ah oui, en me lisant , vous avez logiquement tous pensé au même créateur, légèrement dans les feux de l'actualité depuis vendredi pour des raisons peu fréquentables.

Mais non, ce papier ne sera pas sur Galliano. Quoique, un peu quand même. Pas pour en dire tout le mal que tout le monde va en dire dans les semaines à venir, maintenant que la bulle de silence sur ses dépressions, obsessions boulimiques et anorexiques et alcoolisme très peu mondain a explosé . Ce serait hurler avec les loups et cela m'intéresse moyennement (et puis, j'ai ma petite fierté. Il y a quelques années alors que j'entrais dans un restaurant du 8ème très trendy, il était venu me dire en personne qu'il aimait beaucoup mon béret et mon style. A l'époque le brouillard de son drame personnel était moins épais et son oeil plus doux pour les femmes qu'il croisait).

Ce papier sera plus précisément sur ce terme qui lui est attaché en permanence par les journalistes : "Un créateur au service des femmes".

Créateur, je veux bien. Je suis fascinée par certaines constructions de ses vêtements, des beautés fulgurantes et drapées de mystère... inutile de chercher à vous en montrer, en ce moment il y a des photos de ses oeuvres partout. Juste à côté du lien vers la vidéo qui signe la fin brutale de sa vie d'artiste à Paris.

Mais bon le service de la femme, je ne le vois pas. Pas seulement parce qu'à mon avis les femmes ne l'intéressent pas tant que ça. Mais surtout parce que c'est avant tout une construction de beauté matérielle, inhumaine, glacée...
et que ce n'est jamais, regardez bien, au service de la femme. D'ailleurs arriveriez vous à reconnaitre votre mère, ou votre copine, dans ces tenues superbes et anonymes.

Alors pour ce qui est du Créateur au service de la Femme, permettez moi de proposer un autre nom, que beaucoup connaissent par son amour de la voile à l'origine.

je veux parler de Titouan Lamazou. Que je viens de tutoyer pendant une heure grâce à un magnifique documentaire de la 5 qui m'a arrachée à un travail administratif pénible. merci à la 5 pour cette expédition au royaume d'un vrai créateur "au service de ".

Titouan, il dessine comme un dieu, même que j'en palis d'envie à chaque fois que je croise un de ses carnets de voyage. Il photographie sensiblement aussi bien, question de calmer tout le monde sur ses capacités multiples (ah oui, il a gagné de nombreuses courses de voile en solitaire aussi. Ben oui, il y en a des comme ça qui sont passés plusieurs fois au rayon talents rares avant leur naissance. Pas juste n'est ce pas  !)
Et il a décidé depuis plusieurs années qu'il ferait le tour de la planète à la rencontre des femmes, pour les dessiner, les photographier, les faire parler.




Et se faire le porte parole, le porte regard de leur condition.
Ses portraits sont exactement le contraire du travail de Galliano. Ce n'est pas toujours "beau", ce sont parfois des femmes douloureuses, ou farouches... le trait est parfois plus réussi que d'autres mais...C'est au service de la beauté de chaque femme.
Et d'ailleurs les oeuvres, elles portent les noms des femmes qu'elles représentent...


Mais dites donc, maintenant que j'y pense, il y a quelques dizaines d'années, quand la haute couture se voulait encore faite pour les femmes et que d'ailleurs les créateurs étaient pour la plupart (sacrilège aujourd'hui !) mariés (euh oui, à des femmes. Non,  je ne fais pas d'homophobie primaire, Jean Michel et François en sont témoins, mais il me semble quand même que le désir pour la femme aide quelque part dans l'idée de les mettre en valeur)

Donc, il y a quelques dizaines d'années, les modèles de robe ou de manteau portaient bien des prénoms de femme ? 

Symbolique, peut être, d'une période ou la couture était vraiment à leur service

Alors voila, les créateurs, ils sont souvent maudits, pas de doute. Mais je préfère ceux qui vont à la rencontre des femmes en Colombie, en Bolivie, en Mongolie, et qu'ils en tirent des portraits à trembler d'émotion, à ceux qui fréquentent les Cours Carrées milliardaires en hoquetant entre deux coupes de champagne des insultes (antisémites ou pas who cares) sur les femmes "si laides qu'elles devraient être mortes"...

Et je ne suis pas sûre que ce soit Galliano le plus coupable là dedans... ou le système du luxe qui a autorisé le silence sur ce qu'il est et pense, au nom de tout ce qu'il vend...

Oh, et , j'y pense, si au café, si vos voisins vous adressent la parole, surtout, répondez leur zen !!!!

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