mardi 7 août 2007

le Pack Rat , ou comment vivre en gardant tout ?


Regardez vous parfois M6, et en particulier cette émission étrange nommée "C''est du propre" ?
Si la réponse est oui, et si vous aussi vous avez ressenti un véritable choc dans les 10 première minutes de l'émission en découvrant dans quelles conditions les gens peuvent vivre, vous savez déjà de quoi je parle... les pack rats...
Si la réponse est non, alors résumons : les pack rats sont des gens comme vous et moi, souvent indécelables dans leur vie sociale, qui travaillent, ont des amis, des petits amis éventuellement... et vivent dans des conditions terribles, dans des maisons ou des appartements remplis d'un désordre indescriptibles.
Les Américains les appellent donc les pack rats, du nom d'un charmant écureuil du désert qui stocke frénétiquement tout ce qu'il peut trouver de comestible (amis de l'age de glace, bonjour !)
En France, nous avons platement traduit cela par "être atteint du syndrome de l'écureuil", ce qui n'est ni très explicite, ni très frappant.
Pour ma part, je cherche depuis des mois le juste mot en français. et je parle maintenant "des gardeurs".
Le gardeur est comme vous et moi, à une exception près (enfin, peut être êtes vous un gardeur vous même, donc mettons que le gardeur est comme moi, à une exception près) : il garde absolument tout, car il est incapable de mettre une
hiérarchie et une valeur correcte sur les objets et papiers qui arrivent en sa posssession.
Pour lui une édition originale de Proust et le ticket de sa dernière sortie au cinéma ont sensiblement la même valeur : il est incapable de jeter la deuxième. et souvent incapable aussi, par rebond, de prendre soin du premier.Tout a une valeur, réelle ou potentielle , et doit donc être gardé : le journal pas ouvert de la semaine dernière, le sèche cheveux cassé d'il y a deux ans, le pot de peinture entamé et séché de votre installation.
dans un premier temps, les arguments immédiats du gardeur sont "ca peut toujours servir" ou "j'y tiens" .
bien entendu vous et moi (enfin, moi, si vous êtes un gardeur) allons immédiatement démonter cette argumentation : le pot est fichu, le sèche cheveu pas réparé, le journal obsolète, et la sortie au cinéma un bon souvenir sans plus... jetons !
là, en général, survient le blocage. la colère, et généralement le refus pur et simple.
Pour éviter cette situation pénible, les grands gardeurs en arrivent en général à une solution simple : ils n'invitent plus personne chez eux. Plus de risque aisni d' avoir à confronter les arguments et les efforts des autres.
Il m'aura fallu des mois avec The Homme (pour ceux qui prendraient ce blog en route, mon compagnon) pour comprendre qu'en fait, le simple fait de se séparer de quelque chose est, pour le gardeur, un générateur d'angoisse formidable.
Ne riez pas : quand vous jetez les archives de micro hebdo 2000 2001, vous ne jetez pas une veille pile de magazine poussiéreuse. Non, vous amputez l'autre, dans la douleur, de quelque chose auquel il attache autant d'importance que si c'était signé de Lady Di juste avant de monter dans sa Mercédès (jolie image, non...). Pour vous c'est une pile de papier sans importance à jeter. pour lui ce sont des heures d'angoisse en perspective : et si ça avait pu servir à nouveau ? et avec ce que ça a couté ? et si quelqu'un lui demande un jour ? etc...
Qu'en conclure ?
les Gardeurs ne sont pas "sales", ou "bêtes" : ils sont les prisonniers malheureux dans un monde où les objets, tous les objets, ont pris le pouvoir, et les narguent en toute impunité. Les Gardeurs sont les grands perdants de la grande guerre des objets pour dominer notre vie ( et vous avez remarqué, comme moi, que notre société fait déjà une large place à l'objet)
Les Gardeurs ne doivent pas être "punis", mais "aidés". Ils ont appris à ne plus voir leur désordre pour ne pas affronter leur angoisse. leur montrer leur déosrdre, puis le "bouleverser" ensuite sont donc, malgré toutes les bonnes intentions, de véritables agressions pour eux. respectons leur souffrance en ne la sous estimant pas.
Des statistiques américaines récentes évaluent à près de 8% de la population les "gardeurs". Peut être ne sont ils finalement que des survivants de ces époques lointaines où tout pouvait jouer pour la survie, y compris la couverture trouée et le baton cassé...
Les Gardeurs ne doivent toutefois pas vous envahir, et vous déborder. Il est prouvé qu'ils mettent leur santé, et celle des autres, en danger. La poussière vient immédiatement à l'esprit. c'est un moindre mal, mais il est déjà générateur d'allergie, problème cutanés, ophtalmo etc.
Mais la poussière ouvre rapidement ensuite la porte à la vermine (puce de parquet, cafards etc..) puis aux souris.
Et surtout, plus grave , l'accumulation peut amener à de véritables accidents : le grand classique est la porte coincée par l'effondrement d'une pile d'objet derrière. Il arrive que des gardeurs restent aisni bloqués chez eux pendant des jours. Mais le plus grave, et qui arrive plus fréquemment qu'on ne croit, est l'accident corporel où le gardeur lui même ou ses co habitants sont blessés, ou pire, par les objets stockés...
Donc vivre avec un gardeur, c'est respecter sa fragilité par rapport aux objets... mais ce n'est pas le laisser sombrer non plus. un gardeur surtout adopté jeune, se soigne ! le tout est qu'il le veuille bien...
Dans un prochain blog, comment aider les gardeurs... ou s'aider soi même si l'on est un !



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